29 mars au 8 avril 2016, Benoit Savin, artiste graffeur, était en résidence au lycée Edouard Branly pour réaliser une œuvre en relation avec des lycéens. Dans cette optique, il a animé des ateliers avec plusieurs classes du lycée Professionnel. Les secondes AMACV/MIC, les premières BP GA et les terminales SEN ont participé à l’expérience en réalisant des créations graphiques.
L'œuvre réalisée fut présentée lors de la journée de l’expression, le 8 avril 2016. Il s'agit d'un arbre dont la structure est recouverte de disques vinyles thermoformés dont les branches supportent des disques vinyles graffés par les élèves.

Comme les élèves ont produits de nombreuses réalisations, une série de vinyles graffés a été aussi présentée sur des panneaux autour de l'oeuvre.
Impressions des élèves sur l'atelier et l'artiste
« Je découvre que cette expérience nous permet de mieux comprendre qu’être artiste n’est pas juste créer mais accorder de l’importance à sa pratique et à ses créations et d’y trouver du plaisir. » Mélodie
« Il ne vit pas pour l’argent mais pour faire des rencontres et vivre de sa passion et je pense que c’est un exemple à suivre dans notre société de consommation. » Anna
« Ce que je trouve vraiment génial c’est que tout ce qu’il fait, il le fait avec des matériaux de récupération ce qui est bien car cela n’abîme pas la nature. Ensuite, Il fait tout ceci avec amour et passion. » Solène
« La résidence d’artiste me plaît énormément car ça nous permet de nous exprimer artistiquement et de faire ce que l’on veut. Rien ne nous est imposé. » Kylian

« Ce qui m’intéresse, c’est que tout le monde n’a pas l’occasion de travailler avec un artiste. J’admire de tout cœur ce projet car il me donne la sensation d’être libre. » Mathis
« On ne sait jamais ce que l’on va faire et sur quoi on va tomber chaque semaine. A chaque séance on fait et apprend de nouvelles choses... » Hugo

« C’est un bon endroit pour s’ouvrir au monde et prendre confiance en soi. » Laurine
« j'aime bien l’univers de l'atelier où se mélangent les œuvres de chacun. Il faut fouiller un peu pour trouver le crayon que l’on cherche, c’est comme une chasse au trésor. »Orianne
« Benoit, le graffeur nous montre aussi comment faire des bracelets avec des vinyles : il suffit de découper le vinyle, de chauffer la matière et de lui donner la forme. » Lucas

Interview de Benoit Savin, les racines de son expression
D’où venez-vous ?
Je viens des Deux-Sèvres, d'une petite ville en pleine campagne, voilà... Je suis un campagnard dans l’âme, je ne suis pas un citadin, même si j’aime le Street Art !
D’ou vient votre passion pour l’art ?
Elle vient de ma curiosité puis de mes parents qui m’ont emmené dans des expos et des lieux culturels. Mais, ça vient aussi de tout : de la télé, des magazines, de l’art de rue, ce qu’on fait dans la rue : graffiti, pochoirs... Pas forcément d'un cycle artistique ; moi, je n’ai pas fait d’école d’arts...
Etes vous un autodidacte ?
Oui ! A la base, j’y suis venu par le graffiti. J’ai commencé à peindre dans la rue et puis, petit à petit …
Votre famille vous soutient elle ?
Oui. Oui, car... (rire). J’ai des parents qui sont hyper-sympas et qui, si j’avais été... plombier, chanteur, n’importe quoi... Du moment que je fais un métier qui me plaît…

Sur un plan financier, est ce facile ?
D’un point de vue financier, j’ai tout le temps gagné ma vie... pas directement avec l’art mais par des interventions avec des jeunes, des écoles... avec plein de monde. Si je me retrouvais dans mon atelier à préparer mes expos et au final à ne pas faire d’atelier avec d’autres gens, j’arrêterais vite parce que c’est un peu une démarche égoïste de ne faire que des trucs pour soi. Voilà, je préfère partager.
Comment se sont passés vos débuts dans l’art ?
J’y suis arrivé par le loisir. C’est-à dire que je travaillais déjà quand j’ai commencé à voir des gens qui s’intéressaient à ce que je faisais. J’ai peint dans la rue, j’ai rencontré des gens qui m’ont dit : « Ouais, ce que tu fais m’intéresse, est-ce que tu veux exposer ? » Donc, c’est comme ça que je suis venu à l’art. Je me faisais plaisir et ce que j’emmenais dans une galerie d’art, c’était moi ; je m’en fichais si ça plaisait ou pas. Cela a plu et je me suis rendu compte qu’il y avait de la matière, qu'il y avait des choses à faire et à développer.

Qu’allez-vous réaliser durant votre séjour à E. Branly ?
Faire découvrir ma façon de travailler souvent à base de récupération d'où l'utilisation de vinyle comme support de ma peinture. Mon objectif, c’est de créer un arbre qui représente un peu notre vie en général. Parce qu’un arbre, pour moi, c’est quand même super important parce que la nature ça me tient à coeur.
Un arbre ça représente… T’as des racines, tes racines ; c’est d’où tu viens, tes origines, ta famille,... Après, le tronc c’est ta vie et puis les branches, ça va représenter le côté futur : les enfants, la future génération, donc vous. Ce sera un arbre en récupération tout recouvert de disques vinyles.
Quel type d’expression artistique vous pratiquez dans l’atelier?
L’art du pochoir, parce que la technique du pochoir est super intéressante. Comme je suis autodidacte, je n’ai jamais appris à dessiner, donc je ne suis pas super bon dessinateur ! Même si, à force de dessiner...
C’est juste du découpage et une fois, cette étape réalisée, tu donnes un coup de bombe et tu obtiens un effet nickel. C’est pour ça aussi que j’aime beaucoup le pochoir.
Ensuite, On voit les techniques de base du graffiti: comment utiliser une bombe de peinture... un peu de sculpture ; chauffer le disque vinyle pour le déformer et faire des objets.

Avez vous des œuvres crées par des jeunes qui vous ont marquées?
Oui, plein d’oeuvres... Le principal pour moi est de faire. Je ne porte pas de jugement de valeur. Je vois des évolution... et je vois que mes conseils ont porté leur fruit et ça me plaît …
Ce qui me fait le plus plaisir, c’est de vous vois vous, les jeunes, pratiquer dans l'atelier et de vous émerveiller devant vos réalisations et de vous se rendre compte que vous êtes capables de faire des trucs avec pas grand-chose…
Que pensez vous de la culture des jeunes Français ?
Je pense qu’on a de la chance comparé à d’autres pays... que la France est un pays développé qui donne un large accès à la culture. Que la culture est multiple et que vous avez votre part à jouer dans son élaboration.
Quels sont vos artistes de référence ?
Des artistes de rue, du genre Banksy, Blublu. J’en ai cinquante mille des artistes de référence parce que je pense que c’est ça qui est intéressant. On se fait influencer par plein de choses… ça peut être Coluche, Pierre Desproges etc…Les gens autour de moi aussi !

Street Art ou Pop Art ?
Street art. Après, Pop Art, c’est un peu comme si on comparait le foot et le basket. Foot ou basket ? Ca reste un sport … les deux sont intéressants ! Ce qui est intéressant dans le street art c’est que c’est gratuit. On offre quelque chose. Avec le pop art, c’est une relation avec les galeries, les musées où il faut payer l’entrée pour aller voir des œuvres…le principal, c'est ce qui suscite l'émotion, l'intérêt, un sourire...
D’où vient votre inspiration ?
De tout : de la famille, d’un groupe de musique que je vais écouter, d’un truc que j’aurais vu, de problèmes politiques...

Quels matériaux utilisez-vous ?
J’utilise de tout. Je suis présenté comme artiste peintre graffeur mais après j’utilise de tout. C’est-à-dire que je suis passionné d’art de rue mais je suis passionné aussi par la récup’, tout ce qu’on jette.
Comme je travaille avec Emmaüs (en collaboration) ils me permettent de récupérer plein de trucs qu’ils jettent.
Tous les médiums sont possibles. Pour la résidence, je travaille beaucoup le disque vinyle comme je suis collectionneur et que j’adore la musique… C’est vraiment mon médium de prédilection. J’aime beaucoup le vinyle parce qu’on peut peindre dessus, on peut le chauffer, le déformer, on peut faire plein de choses.
Etes vous célèbre?
Non et je ne recherche pas la célébrité. Je préfère me consacré au faire plutôt qu'au paraître. Comme tout artiste peintre quand tu fais des expos ou événements, tu passes sur le journal et peut faire plaisir à ta famille. Je n’aime pas tellement parler de moi à part quand on va parler de peinture et que je vais vous parler d’artistes que j’aime. Ça, c’est le côté intéressant…

Propos recueillis par Clément, Louis, Florian et Gurvan
David s'exprime sur la résidence
Benoît Savin est un artiste qui pratique le street art et qui se démarque en faisant de la récupération et du recyclage d’objets. Depuis son arrivée dans l’enceinte du lycée, trois heures de cours de graphisme ont été remplacées par des activité avec l’artiste en résidence.
Avec lui, j’ai produit plusieurs réalisations. Tout d'abord, j'ai fait des fonds de colorés sur des vinyles. Pour cela, j’ai utilisé des grilles comme système de pochoir et j’ai passé des coups de bombe de peinture. Ensuite, j’ai découpé des pochoirs que Benoît a choisi en fonction de mes goûts. Les pochoirs étaient généralement des visages ou des logos. Pour ma part, c’était le logo du groupe de rap 1995, que j’admire beaucoup. J’ai utilisé ce pochoir par dessus le fond que j’avais fait précédemment. J’ai trouvé ça simple à réaliser et j’étais content du résultat.
En cours de graphisme, nous devons respecter des contraintes de dessin alors que là, je pouvais libérer ma créativité et mon imagination. Ce qu’on a réalisé, tout le monde peut le faire, c’est très accessible et gratifiant !

Ensuite, ma classe et moi, avons réalisé un graffiti « 2AMACV » sur une bâche de cellophane. Ce n’est pas une première pour moi car je pratique déjà le dessin à la bombe, mais c’est grâce à cet artiste que j’ai pu en apprendre plus sur l’univers du graffiti. J’ai aussi appris de nouvelles techniques de dessin que je ne connaissais pas.
Le soir, Benoit est présent au lycée. Etant interne, c'est une chance supplémentaire pour moi de fréquenter son atelier. J’ai eu la chance de réaliser un graffiti à ses cotés : j’ai dessiné et peint une lettre, c’était un moment sympa avec lui. David

S'amuser avec l'ART
Lors de la première journée avec l’artiste en résidence, j’ai bien aimé la manière dont Benoît s’est présenté et nous a parlé du son projet : Réaliser un arbre avec des vinyles ! Au début, je n’ai pas tout de suite trouvé d’inspiration, j'en étais un peu gênée. Par la suite, grâce sa présence, je me suis détendue et l’inspiration est arrivée toute seule. Cet atelier me permet de me libérer et de m’amuser avec mes amis.J’ai appris de nouvelles choses avec Benoît.
Il m’a enseigné la technique du pochoir et comment bien se servir d’une bombe de peinture pour décorer notre disque vinyle. Je me suis bien amusée en découpant mon pochoir car on pouvait aussi discuter et recevoir l’aide d'un spécialiste. Quand on a utilisé les masques de protections contre les poussières de la peinture, j’ai tout d’abord trouvé ça désagréable car ça faisait lourd sur mon visage. Mais avec l’habitude, j’ai presque oublié que je le portais et je n’avais plus envie de le quitter.
Mon moment préféré fut quand on était dehors en train de grapher le nom de notre classe car le temps était parfait avec un superbe soleil.J’ai aussi fait une rose avec les disques vinyles, il a fallu que je dessine les pétales sur le disque à l’aide d’un feutre posca, j’ai ensuite fait chauffer le disque avec un décapeur thermique pour pouvoir découper les formes plus facilement. C’était assez brûlant, j’ai donc pris des gants et une bombe de froid. Et en l'utilisant, j’étais assez amusée par le bruit des craquelures produit par le mélange du froid et du chaud. Et pour finir, j’ai dessiné sur un disque vinyle avec des feutres poscas de couleurs différentes.
Anna

!!!Un graffeur au lycée
Aujourd’hui, il y a de vrais artistes du graff qui font des graffitis immenses et magnifiques qui pour la plupart demandent la permission pour pouvoir graffer. Il y a aussi des jeunes qui se prennent pour des artistes et qui vont juste graffer à la bombe des insultes ou autres choses qui n’ont aucun intérêt.Benoit Savin s’exprime lui sur des objets de récupération comme des cassettes ou des vinyles ce qui ne dégradera pas la ville.
Je trouve que cette expérience avec benoit nous permet d’approfondir nos connaissances et d’apprendre de nouvelles techniques pour s’exprimer artistiquement. Benoit nous fait découvrir comment réutiliser de vieux objets peut devenir amusant et très design. De plus, il nous incite à faire plus attention au recyclage et à ce que l’on jette en nous montrant qu’avec de vieux objets on peut faire de vraies œuvres d’art.
Il nous fait découvrir le monde du street art, cet art est vraiment génial. Il peut se faire sous différentes formes mais là il nous apprend l’art du graffiti. Je trouve cette technique géniale tout comme le fait de pouvoir faire passer un message par un dessin.Avec Anna qui est une camarade de classe nous avons le projet de coller plusieurs vinyles ensemble et de faire un grand tableau avec tous les personnages « d’adventure time ». Nous allons faire ces personnages avec des pochoirs et des feutres poscas.
Chloé

« Y sont ti pas heureux nos gamins !!! » avant de passer à l'action !

« Y sont ti pas heureux nos gamins !!! » après l'action !

Et toutes les bonnes actions se terminent en chansons!

Merci à l'artiste ! Grand merci à ce p'tit bonhomme, simple et généreux qui sait parler à nos jeunes et transmettre son goût pour le vie à travers sa pratique, son comportement, ces utopies et son humanisme.
Et pis ! j'aime bien son faux air « d'abbé Pierre »
L'expression artistique manque de Benoit Savin... Elle a besoin de Benoit Savin... Les affaires culturelles nous gavent trop de fils à papa perdus dans l'impasse de l'art conceptuel et la performance... !!!

JMDENIS Professeur d'Arts Appliqués en Lycée Professionnel